Les lois anti-avortement pourraient avoir affecté les taux de suicide chez les femmes en âge de procréer de 1974 à 2016 aux Etats-Unis selon une étude de JAMA Psychiatry.

Comment les restrictions à l’avortement sont liées aux risques de suicide chez les femmes ? Les premiers constats d’une étude

Plus de six mois après la révocation de l’arrêt Roe v Wade assurant l’accès à l’avortement aux États-Unis, une nouvelle étude a révélé que les restrictions étaient liées à une augmentation du taux de suicide chez les personnes de 20 à 34 ans.

Les chercheur.e.s se sont concentrés sur la période de 1974 à 2016, lorsque 21 États américains ont promulgué au moins une loi restrictive sur l’avortement, notamment en rendant obligatoire les centres d’avortement ou en exigeant qu’ils soient situés à proximité des hôpitaux locaux. À cette époque, le taux de suicide annuel moyen des femmes en âge de procréer était supérieur de 5,81 % à celui des années précédentes, lorsque la loi n’avait pas encore été promulguée. Cette association est-elle spécifique aux personnes en cours de procréation ? Pour s’assurer qu’il y avait un lien entre les restrictions à l’avortement et le suicide, les chercheur.e.s ont effectué la même analyse sur toutes les femmes âgées de 45 à 64 ans au cours de la même période. Selon elleux, aucun impact aurait été trouvé.

D’après les chercheur.e.s à l’origine de l’étude, les résultats sont significatifs pour plusieurs raisons, notamment parce que le suicide est actuellement la deuxième et la troisième cause de décès chez les personnes en âge de procréer âgées de 20 à 24 ans et de 25 à 34 ans, respectivement. L’enquête indique que les services de soins doivent être conscients du stress supplémentaire qu’engendre l’accès restreint aux soins de santé reproductive en ce qui concerne les soins cliniques et la prévention du suicide chez les personnes en âge de procréer.

Quelques limites de l’étude

Les auteur.ice.s notent que cette étude est limitée par sa conception et ses observations et sa dépendance à l’égard des données au niveau de l’État, et parce qu’elle évalue les restrictions à l’avortement plutôt que les taux d’avortement réels. De plus, les résultats n’ont pas été analysés par race/ethnicité (les statistiques ethniques étant légales aux États-Unis). Par conséquent, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer si l’accès est associé au risque de suicide chez ces femmes. Néanmoins, les chercheur.e.s estiment que les résultats ont suscité un intérêt pour les indicateurs de la santé mentale au niveau global et les modifications que les décideur.e.s politiques peuvent apporter pour réduire le risque de suicide chez les personnes concernées.

D’autre part, les auteur.e.s reconnaissent que ces données observationnelles des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains ne permettent pas d’établir une relation causale entre les deux paramètres. Cependant, aucune association de ce type n’a été trouvée entre la mortalité par accident de la route et les taux de suicide chez les femmes du même âge. Des constats qui appellent à la prudence. Au-delà du contexte étasunien, cette étude démontrent une fois de plus qu’il est urgent que les décideurs et décideuses politiques mènent les luttes contre les restrictions de l’accès à l’IVG et les campagnes de désinformation anti-choix.

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