L’IVG médicamenteuse est une méthode d’avortement qui peut se pratiquer jusqu’à la fin de la 7ème semaine de grossesse, soit 9 semaines après le début des dernières règles. Elle peut être réalisée en cabinet de ville, par certains médecins ou sage-femmes, dans un centre de planification ou dans un centre de santé, et dans un établissement de santé (hôpitaux ou cliniques agréées) avec seulement quelques heures d’hospitalisation.

Quel.LE professionnel.LE de santé consulter ?

L’IVG médicamenteuse est pratiquée par un ou une médecin ou sage-femme d’un cabinet de ville, d’un centre de santé, ou d’un centre de planification ayant signé une convention avec un établissement de santé. En cas de complications liées à l’interruption de grossesse, l’établissement de santé signataire ou celui qui est le plus proche, accueillera la patiente.

Pour une orientation et obtenir les coordonnées d’un ou une médecin, d’une sage-femme ou d’un centre qui pratique les IVG médicamenteuses proche de chez vous, vous pouvez nous contacter gratuitement le numéro vert 0800 08 11 11 du lundi au samedi de 9h à 20h.

La méthode médicamenteuse

La méthode de l’IVG médicamenteuse consiste à provoquer une fausse couche en prenant 2 médicaments différents : la mifépristone (MYFEGINE) qui interrompt le développement de la grossesse et le misoprostol (GYMISO) qui provoque l’expulsion de la grossesse. Ces comprimés sont pris avec un intervalle de 24h à 48 h.

La prise de misoprostol est déconseillée par voie vaginale par les laboratoires (risque de douleurs abdomino pelviennes plus fréquentes). Elle peut se faire de 3 manières :

-par voie buccale c’est-à-dire en avalant le comprimé mais cela peut occasionner des risques de diarrhées, nausées, vomissements, fièvre, plus importants

-par voie jugale: entre la mâchoire et la joue en le laissant fondre

-par voie sublinguale: sous la langue en le laissant fondre pendant 20mn

Ces deux dernières voies sont les voies recommandées pour leur efficacité et une absorption plus rapide.

Les saignements

Les saignements de la patiente lors d’une interruption de grossesse médicamenteuse peuvent survenir entre 30mn et 3 jours après la prise de médicament. Dans la grande majorité des cas, ils surviennent dans les 2 à 4 heures après la prise du 2ème médicament, le misoprostol. Dans 5% des cas, ces saignements surviennent dès la prise de la mifépristone (prévoir des protections menstruelles dès ce moment). La prise de misoprostol est toujours nécessaire car il peut rester des résidus de grossesse qu’il est important d’évacuer.

Les saignements qui s’ensuivent, plus ou moins importants peuvent durer de 10 à 20 jours. Ils sont comparables ou plus abondants que les règles, plus épais avec des caillots (qui proviennent de la muqueuse utérine). Leur abondance dépend du stade de la grossesse et sont souvent plus abondants après 7 SA (semaines d’aménorrhées) c’est-à-dire 5 semaines de grossesse. On peut parfois voir une boule blanche gélatineuse qui correspond à l’œuf appelé aussi le sac ovulaire dans les saignements.

S’il n’y a pas de saignement à 24h, il faut contacter le ou la médecin ou sage-femme pour avoir une appréciation de la situation. Si aucun saignement ne se déclenche après 24h, il faut reconsulter sans attendre. Si vous n’arrivez pas à joindre quelqu’un pour poser votre question, vous pouvez contacter notre numéro vert 0800 08 11 11 (service & appel gratuits).

Précautions pour les femmes Rhésus négatif lors de l’interruption de grossesse

Les personnes professionnelles de santé doivent proposer aux personnes dont le rhésus est négatif une injection intraveineuse ou intramusculaire de gammaglobulines anti-D (Rhophylac).

C’est une prévention des complications lors d’une grossesse future et désirée : si le sang de rhésus positif de l’embryon est en contact avec le sang de rhésus négatif de la femme (très rare avant 14 semaines d’aménorrhée), la femme fabrique des anticorps qui à l’occasion d’une grossesse ultérieure pourraient détruire les globules rouges du fœtus ou du nouveau-né pendant un contact sanguin (pendant l’accouchement le plus souvent); cela nécessiterait une transfusion fœtale ce qui est une lourde prise en charge.

Cette injection de Rhophylac est souvent réalisée entre les deux prises de médicament. En cas d’IVG médicamenteuse à domicile, elle peut être faite au moment de la prise de mifépristone en cabinet ou aller dans un cabinet infirmier. L’injection doit être réalisée au plus tard dans les 72h suivant l’IVG quelle que soit la technique utilisée.

Contrôle et suivi après une IVG médicamenteuse

Le contrôle de l’efficacité de l’IVG médicamenteuse est indispensable car il existe entre 1 à 5% d’échec et ou de complications. La consultation de contrôle doit être effectuée au minimum dans les 14 jours et au maximum dans les 21 jours suivant la prise de mifépristone.

Ce rendez-vous peut avoir lieu au cabinet de ville ou au centre dans lequel ont été remis les médicaments, ou par téléconsultation.

Les deux méthodes de contrôle

Ce contrôle peut se faire par une échographie de contrôle ou par une prise de sang de dosage d’hormones de grossesse (Bêta HCG).  Le résultat de cette prise de sang sera encore positif même si l’IVG a fonctionné. La vérification du fonctionnement de l’IVG médicamenteuse peut se faire par comparaison des dosages BHCG pré et post IVG. Ce dosage doit baisser de moitié par rapport au test fait avant l’avortement médicamenteux.

Les résultats du contrôle sanguin post IVG

Il y a plusieurs cas possibles selon le dosage des hormones de grossesse observé après la prise des médicaments.

-Si le taux supérieur au taux initial : la grossesse est évolutive et l’ivg par médicament n’a pas fonctionné. La femme est alors orientée vers le centre le plus proche pour une aspiration.

-Si le taux résiduel est inférieur de 20% du taux initial : l’IVG a été efficace et réussie.

-Si le taux se situe entre 20 % et est stable : l’appréciation de la réussite de l’IVG est à faire par le.la médecin ou sage-femme qui pratique ou fait pratiquer souvent une échographie de contrôle.

Quand il n’y a pas de taux de Bêta HCG fait avant l’avortement, le taux doit être inférieur à 2000, 2 semaines après l’IVG.

Les règles reviennent généralement 4 à 6 semaines après l’IVG, selon la méthode contraceptive mise en place. (implant, DIU, méthode orale …)

Il est important de noter que des complications peuvent parfois survenir jusqu’à un mois après l’IVG si la consultation de contrôle n’a pas été réalisée dans de bonnes conditions ou pas faite du tout. Elles sont décrites plus loin.

Douleurs, complications, risques et contre-indications

Est-ce que c’est douloureux ?

Pratiquer une IVG par médicaments peut entraîner des douleurs plus ou moins fortes et qui sont très variables selon les femmes. Ces douleurs sont liées aux contractions que fait l’utérus pour expulser l’œuf. Le rapport à la douleur est variable selon les femmes et pour une même femme selon les situations. Ce n’est pas parce qu’une femme a des règles douloureuses que son IVG sera forcément douloureuse.

Des anti-douleur (antalgiques de la famille des anti inflammatoires non stéroïdiens) sont prescrits systématiquement par le ou la médecin ou sage-femme qui suit l’IVG et la prise de ces cachets est recommandée en prévention de la douleur 30 mn avant la prise de misoprostol. Tous les moyens efficaces habituellement utilisés pendant les douleurs de règles peuvent être conseillés (bouillottes chaudes, poches de glace, tisanes etc…)

Les complications possibles

Il peut arriver dans certains cas, que des complications surviennent parfois jusqu’à 1 mois après l’IVG. Ces complications peuvent se présenter sous formes de symptômes d’infection (fièvre à 38°qui dure plus de 24h après la prise de misoprostol), des douleurs différentes de celles des règles, des pertes inhabituelles en couleur et odeur. Il peut survenir également des effets indésirables (douleurs, fièvre, vomissements, diarrhées, maux de tête, vertiges, malaises, frissons et bouffées de chaleur) insoutenables et/ou qui persistent plus de 24h. Dans ce cas, la femme doit se rendre aux urgences avec la fiche de liaison IVG que la personne professionnelle de santé lui a donné. Il est préférable de favoriser en priorité les urgences gynécologiques aux urgences générales s’il y en a, ainsi que favoriser l’hôpital avec lequel la personne professionnelle de santé est conventionnée et qui est indiqué sur la fiche de liaison remise à la patiente lors de la consultation. 

Quels sont les risques ?

Avoir recourt à un ou plusieurs avortements médicamenteux dans sa vie n’entraine pas de risque d’infertilité, n’a aucune conséquence sur la fertilité et ne diminue pas la fécondité, contrairement à certaines idées reçues. Les femmes qui pratiquent une IVG médicamenteuse ne développent pas non plus de troubles psychologiques systématiques post-IVG comme une dépression ou un comportement suicidaire si elles n’en avaient pas avant et elles ne seront pas forcément traumatisées. Chaque femme va vivre l’IVG de manière singulière et si elle ressent le besoin de partager ses sentiments et d’en parler, elle pourra demander à être reçue en entretien individuel. La majorité des femmes qui décident de pratiquer une IVG ressentent du soulagement.

Le risque principal d’une IVG médicamenteuse est le risque d’hémorragie. Les saignements provoqués par la prise des médicaments se transforment parfois en hémorragie (dans moins de 1 % des cas).  Le caractère hémorragique des saignements peut être évalué par le besoin de changer une serviette hygiénique taille maxi toutes les demi-heures pendant plus de deux heures.

Y-a-t-il des contre-indications pour pratiquer une IVG médicamenteuse ?

La Grossesse Extra Utérine (GEU) est une contre-indication à l’IVG médicamenteuse. Elle peut être repérée aux signes cliniques ainsi qu’avec la surveillance du dosage des BHCG. Cependant, en l’absence de facteurs de risque et de symptômes, une grossesse de localisation indéterminée ne contre-indique pas la prise des médicaments pour l’IVG. Il est cependant recommandé d’informer les femmes du risque de non-diagnostic de GEU (rare mais grave : hémorragie interne …) et des signes qui doivent les alerter.

Les symptômes d’une grossesse extra-utérine peuvent être des douleurs qui ne ressemblent pas à des douleurs de règles ou des symptômes pré menstruels, des malaises et des spottings (petits saignements réguliers) éventuels.

A contrario, les symptômes possibles d’une grossesse intra utérine peuvent être des seins tendus, des douleurs qui ressemblent aux douleurs de règles ou aux syndromes pré-menstruels, des nausées. Enfin, il existe d’autres contre-indications à pratiquer une IVG médicamenteuse comme les corticothérapies à long terme, porphyrie, troubles de la coagulation, insuffisance surrénale. Dans ce cas, le ou la médecin ou sage-femme devra proposer une IVG chirurgicale par aspiration.